Concilier entrepreneuriat et maternité : mission impossible ?

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Publié le 15.04.2025
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sonia.boisdur
Podcasteuse & coach business

On dit souvent qu’il faut tout “un village pour élever un enfant"

Et bien, c’est pareil pour réussir en tant qu’entrepreneuse.

S’entourer quand on attend un bébé, ce n’est pas une option, mais une nécessité.

On parle souvent de la maternité comme d’un moment doux et suspendu. Mais c’est aussi une sacrée tornade quand tu portes un business sur tes épaules.

Il y a la charge mentale, les examens médicaux et les questions qui s’accumulent : quelle maternité choisir ? Quels sont mes droits et allocations ? Allaitement ou biberon ? Réaménagement de l’appart ? etc.

Et à côté de ça, ton corps qui bosse en full production pour protéger la vie. Pendant ce temps, il faut continuer à gérer les clients, les deadlines, les missions qui s’empilent… Avec un ventre qui grossit et une énergie qui fond.

Dans mon cas, je suis enceinte de six mois. Mon premier trimestre a été un enfer : vomissements, nausées, fatigue monumentale. J’ai dû diviser mon activité par deux. Sauf que je ne pouvais pas le dire. Pas à mes clients. Pas tout de suite. Donc je souriais sur Zoom, je signais des devis, pendant que je gerbais entre deux calls. Glamour.

Mais cette période, aussi violente soit-elle, m’a aussi forcée à reposer les bases. À faire une pause. À repenser mon modèle. À me demander : est-ce que je veux encore vendre mon temps contre de l’argent ? Est-ce que je peux imaginer autre chose ? Spoiler : oui. Et je t’en parle dans cet article.

J’ai connu deux grossesses très différentes. La première, il y a six ans. Je viens tout juste de lancer mon entreprise. La veille de l’accouchement, mon conjoint apprend qu’il a un cancer. Je me retrouve à gérer, seule, une boîte naissante, un nouveau-né, un compagnon malade.

Aujourd’hui, je vis ma deuxième grossesse avec plus de recul, d’outils, mais toujours cette même pression silencieuse : Comment concilier la création de la vie… Avec la gestion d’une entreprise ?

Parce qu’on ne va pas se mentir, la maternité est un terreau fertile pour les violences économiques :

→ Pendant que monsieur poursuit sa carrière. Ton business est en pause.

→ Pendant que tu achètes le lait. C’est lui qui contracte un crédit pour le nouvel appart.

→ Pendant que tu changes les couches, il négocie son augmentation.

Bingo, tu as signé pour un emploi non rémunéré, sans mutuelle, sans chômage, sans sécurité financière.

Est-ce qu’on va se résigner ? NON.

Est-ce qu’on peut agir et se préparer ? OUI.

Que tu sois déjà enceinte ou que tu penses à le devenir, ce guide est là pour t’aider à préparer l’arrivée d’un bébé, sereinement. Sans injonctions. Sans bullshit. Juste du concret, du vécu, des astuces. Et un peu d’humour, parce qu’il en faut.

I. Avant l’accouchement : anticiper pour ne pas subir

Ton congé mat, c’est un projet à part entière. Plus tu anticipes pour le planifier, plus tu crées un espace de respiration. Voici les questions à te poser, les options à envisager, les soutiens à activer.

Repenser son business

Ta grossesse ralentit ton corps, mais elle peut aligner ta vision.

Et si c’était le moment de faire le tri :

  • Est-ce que ton offre actuelle te convient toujours ?
  • Est-ce que tu veux scaler, automatiser, simplifier ?
  • Est-ce que tu veux continuer à vendre ton temps, ou changer de format ?

Pour moi, cette période a été ultra lucide sur ce que je ne voulais plus. En tant que formatrice, je suis amenée à animer des sessions de groupes régulièrement. Avec les premiers mois de grossesse fatigants, j’ai dû limiter mes déplacements et mettre en pause mes interventions en présentiel. J’en ai profité pour digitaliser mes formations et les vendre en ligne.

Si tu as bien anticipé, tu peux continuer à faire tourner ton activité sans ta présence :

  • Comme moi, lancer une offre scalable ou semi-passive (formation en ligne, petit produit…)
  • Organiser de l’apport d’affaires ou affiliation, pour des revenus indirects
  • Déléguer certaines missions et automatiser un maximum de process.

Si tu fais ça, ton retour ne sera pas un grand saut dans le vide, mais une reprise calibrée selon ton énergie et tes envies.

Gérer ses finances : anticiper le nerf de la guerre

Oui, tu as des droits. Même en freelance. Encore faut-il les connaître et prendre le temps de les calculer.

  • Si tu es en micro-entreprise, EURL, SASU… Tu peux avoir droit à des indemnités maternité à condition d’être affiliée depuis 10 mois et à jour de tes cotisations. Durée des indemnités : 112 jours (16 semaines). Montant : basé sur tes revenus des 3 dernières années. Pour simuler tes droits, consulte le site de Ameli.
  • Prime à la naissance : depuis le 1er avril 2025, le montant de la prime à la naissance est de 1 084,44 € par enfant à naître. Attention ! Pour en bénéficier, il faut déclarer sa grossesse à la CAF avant la fin du 3e mois de grossesse. La prime est versée sous condition de ressources. Pour plus de détails sur les démarches, consulte la page dédiée sur le site Service-Public.fr
  • Prévoyance : si tu en as une, vérifie les clauses.
  • Trésorerie : l’idéal est d’avoir 4 à 6 mois d’avance de charges pros/perso. Avec mon comptable, nous avons travaillé sur mon prévisionnel 2025 pour rationaliser les coûts : mettre en pause des abonnements, étaler certains prélèvements obligatoires, repenser mes investissements (par exemple, j’ai décidé de mettre en pause le loyer de mon bureau, pour économiser temporairement sur ce poste).

Annoncer son congé à ses clients 

Annoncer sa grossesse à ses clients, c’est souvent un moment de stress. On a peur qu’ils pensent qu’on ne sera plus fiable ou dispo. Alors qu’en vrai, si tu poses le cadre et que la confiance est là, tout se passe bien :

« Je serai en congé materné de [date] à [date]. On peut anticiper pour que la transition soit fluide. »

Tu peux même recommander des prestataires de confiance avec qui tu faira de l’apport d’affaire. L’idée, c’est de montrer que tu restes en maîtrise. Et que tu ne disparais pas : tu t’organises.

Se faire accompagner : ne pas porter tout le poids seule

Tu n’es pas censée tout gérer seule. Tu peux te faire accompagner. Par une coach, une mentor, un groupe de pair.e.s, une psy... Ce n’est pas une faiblesse. C’est une stratégie de survie.

Le programme "Les maisons mères" d’Héloïse Bolle, par exemple, est super pertinent pour planifier concrètement ses finances et préparer son congé maternité, le tout en collectif et en étant accompagné par des expertes. Tu peux aussi consulter Indéparents, la communauté des parents indépendants.

À savoir : dès ton 6ᵉ mois de grossesse, tu peux déposer une demande de place en crèche (ou autre mode de garde). C’est généralement le moment où les inscriptions ouvrent dans de nombreuses communes — mais les règles peuvent varier selon les villes, donc renseigne-toi auprès de ta mairie ou du centre PMI le plus proche.

II. Pendant le congé : protéger sa santé mentale et physique

D’abord, sérieusement : qui a décidé d’appeler ça un congé ? 😏

Surement un mec 🤪

Soyons honnête, on est clairement pas sur une vibes "vacances-chillax".

Il va falloir te ménager et prendre soin de ton énergie pour tenir la fatigue des premiers mois.

La pression invisible : rester présente, sans être là

Tu ne travailles pas. Techniquement.

Mais ton cerveau, lui, tourne encore à fond. Tu te demandes :

  • Est-ce que mes clients vont me zapper ?
  • Est-ce que mon compte Linkedin va mourir ?
  • Est-ce que je dois poster un petit truc de temps en temps pour rester dans le game ?

Cette pression, je la comprends, je l’ai vécu. Et pourtant : tu viens de donner la vie. Tu mérites de respirer. Alors oui, tu peux planifier du contenu. Et je te recommande vivement de le faire. Mais tu peux aussi te lâcher la grappe. Tu as aussi le droit de faire une vraie pause.

Organiser son temps pour survivre (et kiffer un peu quand même)

Tu n’organiseras pas ton congé mat comme tu gères ta to-do. Il va falloir accueillir l’imprévisible. Mais tu peux quand même mettre en place quelques trucs pour t’alléger la charge mentale :

  • Créer un “minimum vital” de choses à faire par jour (genre : se doucher ET manger).
  • Accepter de ne rien produire. Ta seule mission, c’est de vivre. De respirer. De dormir quand tu peux.
  • Demander de l’aide. Vraiment. Famille, amis, aide-ménagère, coach postnatal, consultante sommeil bébé, groupe WhatsApp de mamans…  Ne reste pas seule.

Sache qu’il existe des dispositifs proposés par la CAF pour l’aide à la garde. Tu peux ainsi solliciter l’aide d’une personne pour garder bébé. Si la séparation est difficile au début (et c’est normal) tu peux faire venir cette personne pour te soulager, sans forcément quitter ton appartement, mais au moins avoir un relais quelques heures par semaine. C’est ce que j’envisage de faire 🙂

Il y a aussi les PMI, les centres de protection maternelle et infantile. Cherche un centre proche de chez toi pour t’y rendre et solliciter l’aide de professionnelle de la petite enfance.

Prendre soin de soi, pas seulement du bébé

Ton corps est fatigué. Ton cerveau est en mode “je survis”. Ton cœur, lui, fait le grand huit.

Alors s’il te plaît : n’attends pas d’être au fond du trou pour prendre soin de toi.

Quelques pistes concrètes :

  • Soutien psychologique : même quelques séances avec une psy peuvent changer la donne. Les maternités peuvent t’orienter.
  • Temps solo : même 30 min, même pour pleurer sous la douche.
  • Rituels simples : une tisane le soir, un massage, un appel à une amie qui comprend.

Et surtout : évite les comptes Insta qui font culpabiliser. Tu n’as rien à prouver. Tu élèves un humain ET tu tiens un business. C’est déjà énorme.

III. Revenir en étant plus tout à fait la même

Le retour, on le redoute souvent... Mais franchement : beaucoup d’entrepreneures crèvent d’envie de s’y remettre. Parce que c’est un espace à soi. Parce qu’on aime ce qu’on fait. Parce que ça fait du bien d’être utile autrement que pour réchauffer un biberon.

Mais ce n’est pas un simple "retour à la normale". Parce que toi, tu as changé. La maternité est un bouleversement identitaire.

Ton regard sur le travail, le temps, la valeur de ton énergie a évolué. Et ça, c’est un cadeau.

Alors fais-toi confiance : si tu sens que tu veux changer de rythme, de clients, d’offre... Fais-le sans paniquer. Sans culpabiliser. Juste en étant à l’écoute.

Et si tu as bien préparé le terrain (tréso, revenus passifs, accompagnement, délégation...), tu peux reprendre doucement, à ton rythme, sans courir le marathon dès le premier lundi.

Ton retour n’est pas une course. C’est une nouvelle saison.

Et c’est toi qui écris les règles.

IV. Conclusion

La maternité ne rend pas moins ambitieuse. Elle rend plus lucide. Plus stratégique. Plus fine dans les choix qu’on fait.

Concilier entrepreneuriat et maternité, ce n’est pas simple. Mais ce n’est pas une montagne infranchissable. C’est une traversée. Avec ses creux, ses sommets, et des paysages que tu ne soupçonnais même pas.

Et toi, tu n’as pas besoin d’être parfaite. Juste présente à ce que tu vis. Créative dans ton organisation. Et entourée des bonnes personnes.

Tu peux y arriver.

Et tu n’es pas seule ❤️

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