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Portrait d'entrepreneure : Kristen Charvin, Déléguée Générale de France FinTech

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Kristen Charvin est la déléguée générale de France FinTech, la plus importante organisation de fintech en Europe. L’association joue un rôle clé dans le développement et la visibilité de ces entreprises en France et à l’international.

 

Quelle est la mission de votre association ? 

France FinTech fédère les entrepreneurs de la fintech française. 

Nous les représentons en France et à l’international notamment par nos actions sur les terrains réglementaires et législatifs, nos nombreuses publications, prises de parole et initiatives. 

Enfin, nous animons l’ensemble de l’écosystème au travers de l’organisation d’ateliers, conférences, rencontres diverses et de l’événement de référence du secteur :  FinTech R:Evolution, point d’orgue de la French FinTech Week dont nous sommes co-organisateurs et qui a lieu chaque année au mois d’octobre. 

 

Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez rencontrés lors de vos débuts?

J’ai une formation plutôt orientée “communication”. Après un parcours en agence, j’ai rejoint une fintech en tant que CMO en 2012. 

Comme dans toute prise de poste hors de son domaine d’expertise, j’ai dû me former et dans mon cas, apprivoiser les sujets financiers. J’avais eu le plaisir de travailler sur des comptes liés aux technologies ou réglementations émergentes (à l’époque, les balbutiements du Cloud, l’internet haut débit par satellite, les solutions de stockage, de backup ou de remote, paris en ligne, etc) dans ma précédente expérience. L’aspect “tech” était donc assez accessible pour moi, ce qui n’était pas le cas pour le côté “fin”. Je ne savais pas vraiment ce qu’était une assurance-vie (non, ce produit ne sert pas qu’à vous assurer en cas de décès ; c’est un véhicule d’épargne et d’investissement incroyable !), ni même ce qu’on pouvait bien mettre dedans ! Mais c’est justement pour cela qu’on m’avait recrutée. Pour tenter de démocratiser des solutions d’épargne performante. Alors j’ai lu, j’ai écouté, j’ai cherché, bref, je me suis formée.  

Second challenge : “faire vite, faire bien et avec peu de moyens". C’est un des enjeux quand on intègre une start-up parmi les premiers salariés. Il y a tout à faire, tout à créer, c’est grisant et passionnant, il faut être un mouton à cinq pattes, un couteau suisse et surtout savoir s’entourer. Ça a été mon troisième défi… 

Le réseau permet d’aller plus vite. Trouver un graphiste en freelance, sélectionner une agence pour actionner un plan média, créer un dispositif stand et animation pour un salon par exemple, mais aussi partager avec ses pairs : pour s’inspirer, s’aider, se conseiller. Cela permet d’apporter de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités. Dans un secteur très jeune, comme celui de la fintech à l’époque, il fallait y aller et sacrément s’impliquer : expliquer, expliquer et réexpliquer ce que l’on proposait, contacter sur linkedin, repérer et participer à des myriades de “meet-up”, éplucher les rubriques start-up de Frenchweb ou Maddyness pour découvrir de nouveaux amis … bref en un mot il fallait se structurer. Il fallait créer France FinTech ! 

 

De quand date la création de votre association ?

L’idée de France FinTech a émergée courant 2014, à force de rencontres et d’échanges. L’association a été créée en juin 2015 avec 34 membres fondateurs. Nous comptons aujourd’hui plus de 400 adhérents et 120 partenaires. 

 

Quels sont les principaux facteurs qui ont contribué au succès de l’association jusqu’à présent?

Je dirais notre modèle de gouvernance en premier lieu. J’ai vu beaucoup d’organisations similaires à la nôtre (associations professionnelles tout secteur confondu) connaître des périodes mouvementées qui ralentissaient leur développement ou l’efficacité de leurs opérations. 

France FinTech a été créée par les entrepreneurs et pour les entrepreneurs. Chez nous, seules les start-up peuvent être membres et leurs fondateurs et fondatrices ont un droit de vote en assemblée générale. Nous avons donc des objectifs communs et pouvons parler d’une même voix. 

Bien loin d’être centrés sur nous même, nous générons de nombreux échanges avec l’ensemble des parties prenantes du secteur (banques, assureurs, fonds d’investissements, sociétés technologiques, cabinets de conseil, incubateurs, superviseurs et régulateurs, services de l’état, instances européennes, écoles et universités, think thank, centres de recherche, etc). Mais leur statut est clairement défini : ils sont partenaires. 

Par ailleurs, nous avons la chance que les entrepreneurs fondateurs aient réussi à convaincre Alain Clot de rejoindre l’aventure et de les aider à créer France FinTech. Ils souhaitaient que leur porte étendard parle un triple langage : celui de la finance dite traditionnelle, celui de la tech et celui des entrepreneurs. Ils ont nommé un Président qui bénéficie de plus de 30 ans d’expertise de l’industrie bancaire, conseil et business angel depuis près de 20 ans. Un Président d’expérience, engagé bénévolement depuis presque 10 ans au service de l’écosystème. Un Président exigeant (“de la rigueur, des concepts, des messages, de l’analyse et pas de prêchi prêcha”). Un Président à l’écoute, très impliqué auprès de l’équipe, des membres, et des partenaires, auxquels il consacre près de 60% de son temps. Un Président avec lequel j’ai la chance de travailler en duo depuis 7 ans et qui a accepté de reconduire son mandat, non pour valoriser une/sa société (puisqu’il n’est pas fondateur) mais pour servir ce domaine d’excellence qu’est la fintech française, 

Un modèle qui apporte une véritable stabilité à l’association et qui nous permet de réaliser sereinement nos missions de créer des synergies, le tout avec une équipe (4,5 ETP “véritables couteaux suisse” - on y revient ;) et des coûts fixes réduits. Toute la valeur générée est allouée à la création de services à forte valeur ajoutée pour nos membres. 

Et ils nous le rendent bien puisque nous avons vu émerger dans la décade de nombreux champions, faisant de la fintech le premier compartiment de la tech française (“la fine fleur de la tech française”). Le succès de l'association, c'est aussi eux qui le font ! 

 

Vous êtes-vous fait aider et par qui ?

Comme évoqué plus haut, je crois profondément en la force de la communauté et au collectif. L’ensemble des rencontres que j’ai pu réaliser ces 15 dernières années a contribué à nourrir ma vision, mon analyse, mon approche, mon style (de management, de développement). 

Vous l’aurez compris, notre Président a une place à part (même si nous sommes loin d’être tous les jours d’accord, c’est la richesse de notre tandem!) on se manage mutuellement, avec la complémentarité de nos qualités, nos (petits) défauts, nos sensibilités, nos expériences, nos différences. 

Nos administrateurs et conseillers avec lesquels j’ai des échanges réguliers au-delà de nos conseils d’administration (Olivier, Cyril, Caro, Eric, Mark, Geoffroy, Alex, BenJ, Benoît, Jehan, Nicolas, … pour ne citer que mes plus vieux compagnons de route), nos membres bien entendu, si riches et variés tant par leur activité que leur personnalité, ou mes si chers référents par sujets (Karine, Fanny, Richard, Philippine, Xavier, Yoan, etc). 

Mes pairs, français ou européens (Maya et Marianne, Florence, Faustine, Oriane, Edouard, Stéphane, Xavier et Aless, Niklas etc), mes partenaires (Judith, Julien, Marie, Claire, Samira, Matthieu, Guillaume, Christian, etc) et interlocuteurs institutionnels (Olivier, Charles, Arthur, Matthieu, Nicolas, Andrès, etc) soutiens indéfectibles à notre belle mission.

Mon équipe si engagée : Louis et Tatiana (le yin et le yang), depuis (très) peu Florence et Lucile qui ont rejoint l’aventure, Anaëlle et Lars nos fidèles freelances, qui contribuent tous incontestablement au développement de l'association et me challengent chaque jour !

 

Quel a été votre approche en matière de prise de risque et comment cela a-t-il influencé votre parcours entrepreneurial, levée de fonds ou pas ?

A titre personnel, les prises de risque m’ont toujours été bénéfiques. Décider de quitter l’agence dans laquelle je travaillais sans avoir de poste ensuite. Une semaine après l’annonce aux clients de mon portefeuille, deux d’entre eux me proposaient de les rejoindre. J’accepte d’intégrer la fintech (et je sors de ma zone de confort …). J’y évolue pendant 4 ans. Son fondateur quitte l’entreprise un vendredi, je demande à partir le lundi. Je n’attends pas grand chose de ma période de chômage, je commence très vite quelques missions en tant que consultante indépendante (à l’époque on ne disait pas freelance), dont une pour France FinTech … vous connaissez la suite ;) 

La vie professionnelle est ainsi faite de rencontres et d’occasions. Il faut savoir les créer ou les déceler en acceptant une part de risque. Je crois profondément qu’une implication sincère pour et dans ce que l’on fait, ainsi que la loyauté sont les vertus cardinales qui permettent d’avancer sereinement. Dans un parcours de vie, il faut oser ; on sème, on tente, ça ne prend pas toujours, mais on potentialise des opportunités. Ne dit-on pas que la chance sourit aux audacieux ? 

Côté France FinTech, dans les faits, pas de levée de fonds à proprement parler pour une association bien sûr. Mais un défi quotidien pour trouver des financements afin de se donner les moyens de réaliser nos missions. 

Les mécanismes sont similaires à ceux de toute entreprise : convaincre et vendre pour être rentable (car une association ne peut être déficitaire !). Pour nous il s’agit de fédérer de nouveaux membres et faire renouveler les adhésions, de fidéliser nos partenaires et en engager de nouveau. Il faut trouver le point d’équilibre permettant de faire grandir l’association tout en étant capable de délivrer un niveau de service et de proximité toujours égalé : un véritable passage à l’échelle (nous avons scallé !). 

La proximité est primordiale afin de déceler des tendances, des points de blocages, de recueillir des analyses, des messages. L’informel et le diffus font partie de notre quotidien, ils nous permettent de faciliter la création d’opportunités de business et de contribuer à instaurer un environnement économique et réglementaire favorable au développement des activités de nos membres. 

Nos prises de risque doivent être mesurées, tant sur le plan des investissements financiers (nous ne pouvons avoir recours à la dette) que sur nos prises de position qui ont un impact direct sur l’activité de nos membres (régulation, logique partenariale, financement, attractivité, compétitivité, etc). 

Mais travail, rigueur et convictions sont les maîtres mots pour mener à bien nos missions. Il faut savoir agir en fonction des circonstances et des enjeux. Fort et vite lorsque celà est nécessaire, en pariant (intelligemment) sur tel ou tel axe de développement, en course de fonds nécessitant patience, régularité et résilience pour atteindre nos objectifs. Mais dans l’ensemble, nous aimons dire que nos plus belles victoires sont secrètes, bien que FinTech R:Evolution soit une de nos grandes réussites et que celle-ci mérite qu’on parle d’elle ! 

A ce titre, je vous donne rendez-vous le jeudi 17 octobre prochain, pour la 9ème édition de l’événement qui portera sur le thème de la Confiance. 

 

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui envisagent de se lancer dans l’entreprenariat en particulier dans votre domaine d’activité ?

Osez, essayez, sachez vous entourer ! 

 

Une entrepreneure à suivre selon vous et pourquoi ? 

Caroline Lamaud Dupont, co-fondatrice d’Anaxago. 

Précurseure.

Elle a lancé son entreprise avec ses associés en 2012 alors qu’ils étaient encore étudiants, afin de démocratiser l'accès au capital risque pour les investisseurs privés. Le statut de « conseiller en investissements participatifs » ne sera promulgué qu’en 2014.  

Avec ses associés, ils n’ont levé qu’un million d’euros, à leurs débuts, ils ne l’ont pas dépensé. Ils ont bâti, pierre par pierre. Ils se sont concentrés sur la rentabilité. Puis, ils se sont diversifiés afin d’assurer une pérennité de l’activité et des revenus stables pour leur entreprise. Ce million d’euros des premières années, leur a permis de constituer leurs fonds propres lorsqu’ils lancaient leur société de gestion. Nous sommes en 2018 et la plateforme Anaxago obtient son agrément SGP qui va lui permettre d’adresser les besoins en financement d’entreprises plus matures.

Anaxago est un acteur incontournable de la fintech en France, un objet singulier à l’image de Caroline. 

Moteure. 

Limougeaude, maman de 3 (jeunes) enfants, cheffe d’entreprise, donc, elle est également Vice-Présidente de France FinTech et contribue plus particulièrement aux réflexions sur les enjeux d’impact et transition du secteur financier. Caroline s’attache à promouvoir la mixité au sein de notre ecosystème ; rencontres informelles, mises en relations, implication au sein de nombreuse initiatives et prises de paroles, c’est une femme d’action et de conviction. 

Caroline a ce sens du détail, une créativité élégante et une posture d’amazone discrète qui dénote dans une planète tech parfois un peu vrombissante. 

Fine plume, influenceuse “The place to be, mode et gastronomie” (malgré elle), elle publie chaque semaine la si attendue Newsletter d’Anaxago (100k abonnés). Comme si ses journées n’étaient pas assez remplies, Caroline produit et anime le podcast d’éducation financière Argent conté : une pépite !  

 

Un livre ? Une passion ? Un son, une anecdote pour donner de la motivation, faire sourire nos lecteurs ? 

Le jardinage et les sujets liés à la botanique en règle générale.  

Confidence. On m’appelait “la ronce” dans mon premier job : un clin d’œil à cette passion, qui paraissait désuète aux yeux de mes collègues !

La découverte des espèces végétales est enrichissante et la pratique du jardinage tellement apaisante ! 

C’est une activité qui nécessite d’être appliquée et patiente. Elle permet de prendre du recul sur beaucoup de petits tracas du quotidien et de mettre certains sujets en perspective (je te coupe ou pas la branche qui pousse de travers !?!?). Tout en laissant une grande part à la surprise, à l’imprévu et au sauvage. 

Et tout d’un coup, une fleur éclot, le résultat concret d’un long travail minutieux. Puis il faut recommencer à chouchouter la plante pour espérer revivre ce même bonheur au printemps suivant … 

Un peu comme avec mes membres et mes partenaires finalement ! 

Et pour la motivation, mon crush du moment : Stockholmsvy | Hannes, Waterbaby, une mélodie et un rythme solaires ! Mes enfants lui préfèrent Wellerman (Sea Shanty) | Nathan Evans, un autre style … 


Merci à @Kristen pour sa contribution

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Anne-Claire

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