@Kristen Charvin est la déléguée générale de France FinTech, la plus importante organisation de fintech en Europe. L’association joue un rôle clé dans le développement et la visibilité de ces entreprises en France et à l’international.
Quelle est la mission de votre association ?
France FinTech fédère les entrepreneurs de la fintech française. Nous les représentons en France et à l’international notamment par nos actions sur les terrains réglementaires et législatifs, nos nombreuses publications, prises de parole et initiatives. Nous animons l’ensemble de l’écosystème au travers de l’organisation d’ateliers, conférences, rencontres diverses et de l’événement de référence du secteur : FinTech R:Evolution, point d’orgue de la French FinTech Week dont nous sommes co-organisateurs et qui a lieu chaque année au mois d’octobre.
De quand date la création de votre association ?
L’idée de France FinTech a émergée courant 2014, à force de rencontres et d’échanges. L’association a été créée en juin 2015 avec 34 membres fondateurs. Nous comptons aujourd’hui plus de 400 adhérents et 120 partenaires.
Pouvez-vous nous parler des défis que vous avez rencontrés ?
J’ai une formation plutôt orientée “communication” et après un parcours en agence, j’ai rejoint une fintech en tant que CMO en 2012. Comme dans toute prise de poste hors de son domaine d’expertise, j’ai dû me former et apprivoiser les sujets financiers. J’avais eu le plaisir de travailler sur des comptes liés aux technologies ou réglementations émergentes (à l’époque, les balbutiements du Cloud, l’internet haut débit par satellite, les solutions de stockage, de backup ou de remote, paris en ligne, etc) dans ma précédente expérience. L’aspect “tech” était donc assez accessible pour moi, ce qui n’était pas le cas pour le côté “fin”.
Premier défi : Je ne savais pas vraiment ce qu’était une assurance-vie (non, ce produit ne sert pas qu’à vous assurer en cas de décès ; c’est un véhicule d’épargne et d’investissement incroyable !), ni même ce qu’on pouvait bien mettre dedans ! Mais c’est justement pour cela qu’on m’avait recrutée. Pour tenter de démocratiser des solutions d’épargne performante.
Second challenge : “faire vite, faire bien et avec peu de moyens". C’est un des enjeux quand on intègre une start-up parmi les premiers salariés. Il y a tout à faire, tout à créer, c’est grisant et passionnant, il faut être un mouton à cinq pattes, un couteau suisse et surtout savoir s’entourer.
Troisième défi : Le réseau permet d’aller plus vite (mon profil LinkedIn). Dans un secteur très jeune, comme la fintech à l’époque, il fallait s’impliquer : expliquer et réexpliquer ce que l’on proposait, participer à des myriades de “meet-up”, éplucher les rubriques start-up de FrenchWeb ou Maddyness pour découvrir de nouveaux amis … bref en un mot il fallait se structurer. Il fallait créer France FinTech !
Quels sont les principaux facteurs qui ont contribué au succès de l’association jusqu’à présent?
Notre modèle de gouvernance. J’ai vu beaucoup d’organisations similaires à la nôtre (associations professionnelles tout secteur confondu) connaître des périodes mouvementées qui ralentissaient leur développement ou l’efficacité de leurs opérations.
France FinTech a été créée par les entrepreneurs et pour les entrepreneurs. Chez nous, seules les start-up peuvent être membres et leurs fondateurs et fondatrices ont un droit de vote en assemblée générale. Nous avons donc des objectifs communs et pouvons parler d’une même voix.
Bien loin d’être centrés sur nous même, nous générons de nombreux échanges avec des parties prenantes du secteur mais leur statut est défini : ils sont partenaires.
Par ailleurs, nous avons la chance que les entrepreneurs fondateurs aient réussi à convaincre Alain Clot de rejoindre l’aventure.Un porte étendard qui parle un triple langage : celui de la finance "traditionnelle", celui de la tech et celui des entrepreneurs. Nous avons un modèle qui apporte une véritable stabilité à l’association et qui nous permet de réaliser sereinement nos missions de créer des synergies, le tout avec une équipe forte.
Vous êtes-vous fait aider et par qui ?
Je crois profondément en la force de la communauté et au collectif. L’ensemble des rencontres que j’ai pu réaliser ces 15 dernières années a contribué à nourrir ma vision, mon analyse, mon approche, mon style (de management, de développement). Notre Président a une place à part (même si nous sommes loin d’être tous les jours d’accord, c’est la richesse de notre tandem !) on se manage mutuellement, avec la complémentarité de nos qualités, nos (petits) défauts, nos sensibilités, nos expériences, nos différences.
Nos administrateurs et conseillers avec lesquels j’ai des échanges réguliers au-delà de nos conseils d’administration, nos membres aux parcours si riches et variés.
Mais aussi mes pairs, français ou européens et interlocuteurs institutionnels et tous nos fidèles freelances, qui contribuent tous incontestablement au développement de l'association !
Quel a été votre approche en matière de prise de risque et comment cela a-t-il influencé votre parcours entrepreneurial ?
Les prises de risque m’ont toujours été bénéfiques. Une semaine après l’annonce de mon départ aux clients de mon portefeuille, deux d’entre eux me proposaient de les rejoindre. J’accepte d’intégrer la fintech (et je sors de ma zone de confort …) et y évolue depuis.
La vie professionnelle est faite de rencontres et d’occasions.
Il faut savoir les créer ou les déceler en acceptant une part de risque.
A France FinTech, les mécanismes sont similaires à ceux de toute entreprise : convaincre et vendre pour être rentable (car une association ne peut être déficitaire !).
Fédérer de nouveaux membres et faire renouveler les adhésions, de fidéliser nos partenaires et en engager de nouveau.
Trouver le point d’équilibre permettant de faire grandir l’association tout en étant capable de délivrer un niveau de service et de proximité toujours égalé : un véritable passage à l’échelle (nous avons grandit !).
Nos prises de risque doivent être mesurées, tant sur le plan des investissements financiers (nous ne pouvons avoir recours à la dette) que sur nos prises de position qui ont un impact direct sur l’activité de nos membres.
Quel conseil donneriez-vous à ceux qui envisagent de se lancer ?
Osez, essayez, sachez vous entourer !
Une entrepreneure à suivre selon vous et pourquoi ?
Caroline Lamaud Dupont, co-fondatrice d’Anaxago. Elle a lancé son entreprise avec ses associés en 2012 alors qu’ils étaient encore étudiants, afin de démocratiser l'accès au capital risque pour les investisseurs privés. Ils n’ont levé qu’un million d’euros et ne l’ont pas dépensé pour se concentrer sur la rentabilité et se diversifier. Aujourd'hui, Anaxago est un acteur incontournable de la fintech en France, un objet singulier à l’image de Caroline. C'est aussi une maman de 3 (jeunes) enfants qui est attachée à promouvoir la mixité au sein de notre écosystème et une posture d’amazone discrète qui dénote dans une planète tech parfois un peu vrombissante.
Des ressources ou des conseils pour faire sourire nos lecteurs ?
Caroline Lamaud produit et anime le podcast d’éducation financière Argent conté : une pépite !
Je pratique le jardinage... Pour l'histoire, on m’appelait “la ronce” dans mon premier job : un clin d’œil à cette passion, qui paraissait désuète aux yeux de mes collègues !
Et pour la motivation, la mélodie Stockholmsvy
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