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Contexte inflationniste et rôle des départements Finance

Général & Tendances

L’inflation est dans la bouche de tout le monde ces derniers temps. La hausse des prix devrait atteindre 7 % en janvier et en février prochains selon l’Insee, portée par une hausse de 15 % des prix du gaz et de l’électricité. Il s’agit d’un sujet qui avait disparu et qui revient impacter les CFO et leurs équipes sans avertissement préalable. Comment la Finance doit-elle réagir face à cette situation ?

  1. Assesser la situation de l’entreprise vis-à-vis de ses centres de coûts externes : lesquels vont être impactés à la hausse ?
  • Le coût des serveurs, élément prépondérant dans l’écosystème tech avec un impact significatif sur la marge;

  • Les coûts liés aux locaux avec en tête de proue l’électricité, mais aussi pour Paris, l’augmentation de la taxe foncière.

  • Certains prestataires de Subcontracting et Professional Services qui risquent de réévaluer leurs prix, emportés par les hausses salariales dans leurs structures.

  1. Réfléchir aux effets prix actionnables dans sa propre entreprise :
  • La pression sur les salaires sera la question numéro 1. Selon l’étude Q3 de Figures, il y aura du wait and see concernant la position du management à ce sujet. Toutefois, comme le marché de l’emploi reste sous tension, des actions favorisant la rétention des talents devront être réalisées à court terme…

  • Le chiffre d’affaires pourra-t-il être boosté grâce à une hausse de prix ? Plusieurs facteurs seront à prendre en compte dans cette équation : en premier lieu, le cadre légal et les clauses présentes dans les contrats clients pouvant encadrer le mécanisme de réévaluation des prix. En second lieu, la structuration des offres, les engagements upfront qui amènent du confort en termes de cash seront d’éventuels blockers. En dernier lieu, l’acceptation des clients et le risque que le churn ne vienne compenser la hausse générée par l’augmentation tarifaire.

⇒ Le risque d’actions corrélées sur ces deux postes sera de créer une boucle prix-salaire…

  1. Chercher à rationaliser ses coûts en trouvant des économies…
  • La sobriété sera l’échelon numéro 1 à gravir. Aussi, on verra disparaître le recours systématique à des cabinets de recrutement, les dépenses considérées comme du “nice to have” seront coupées, qu’il s’agisse de logiciels, de budget mal utilisés, etc…

  • La performance sera clé dans tous les rouages de l’entreprise. Il y a fort à parier qu’on demande des gains de productivité dans chacun des départements avec pour conséquences, soit le gel des embauches déjà constaté dans beaucoup de scale-up, soit des plans de licenciements… A minima, on s’interrogera sur la nécessité de réaliser un investissement supplémentaire.

Voici mon analyse des impacts de l’inflation sur les plans du CFO. Et vous, comment gérez-vous cette situation ?

Youny avatar
Alexandre_VALENSCAK avatar
Francis_FSAConcept avatar

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7 réponses

17/12/2022

2

L’inflation est dans la bouche de tout le monde ces derniers temps. La hausse des prix devrait atteindre 7 % en janvier et en février prochains selon l’Insee, portée par une hausse de 15 % des prix du gaz et de l’électricité. Il s’agit d’un sujet qui avait disparu et qui revient impacter les CFO et leurs équipes sans avertissement préalable. Comment la Finance doit-elle réagir face à cette situation ?

  1. Assesser la situation de l’entreprise vis-à-vis de ses centres de coûts externes : lesquels vont être impactés à la hausse ?
  • Le coût des serveurs, élément prépondérant dans l’écosystème tech avec un impact significatif sur la marge;

  • Les coûts liés aux locaux avec en tête de proue l’électricité, mais aussi pour Paris, l’augmentation de la taxe foncière.

  • Certains prestataires de Subcontracting et Professional Services qui risquent de réévaluer leurs prix, emportés par les hausses salariales dans leurs structures.

  1. Réfléchir aux effets prix actionnables dans sa propre entreprise :
  • La pression sur les salaires sera la question numéro 1. Selon l’étude Q3 de Figures, il y aura du wait and see concernant la position du management à ce sujet. Toutefois, comme le marché de l’emploi reste sous tension, des actions favorisant la rétention des talents devront être réalisées à court terme…

  • Le chiffre d’affaires pourra-t-il être boosté grâce à une hausse de prix ? Plusieurs facteurs seront à prendre en compte dans cette équation : en premier lieu, le cadre légal et les clauses présentes dans les contrats clients pouvant encadrer le mécanisme de réévaluation des prix. En second lieu, la structuration des offres, les engagements upfront qui amènent du confort en termes de cash seront d’éventuels blockers. En dernier lieu, l’acceptation des clients et le risque que le churn ne vienne compenser la hausse générée par l’augmentation tarifaire.

⇒ Le risque d’actions corrélées sur ces deux postes sera de créer une boucle prix-salaire…

  1. Chercher à rationaliser ses coûts en trouvant des économies…
  • La sobriété sera l’échelon numéro 1 à gravir. Aussi, on verra disparaître le recours systématique à des cabinets de recrutement, les dépenses considérées comme du “nice to have” seront coupées, qu’il s’agisse de logiciels, de budget mal utilisés, etc…

  • La performance sera clé dans tous les rouages de l’entreprise. Il y a fort à parier qu’on demande des gains de productivité dans chacun des départements avec pour conséquences, soit le gel des embauches déjà constaté dans beaucoup de scale-up, soit des plans de licenciements… A minima, on s’interrogera sur la nécessité de réaliser un investissement supplémentaire.

Voici mon analyse des impacts de l’inflation sur les plans du CFO. Et vous, comment gérez-vous cette situation ?

03/01/2023

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Pour info, deux scale-ups françaises, BackMarket et Ankorstore ont rendu publiques des actions qu’elles mènent pour lutter contre « la dégradation de la conjoncture économique », id est inflation, perspective de récession et hausse des taux d’intérêts.

Back Market a, en effet, mis en place un plan de départ volontaire concernant 13% de ses effectifs… dont vous trouverez plus de détail dans cet article par Les Echos

Pour info, la méthodologie retenue du plan de départ volontaire est celle de la rupture conventionnelle collective. Pour plus d’infos vous pouvez consulter cet article officiel

Si on résume les modalités de la RCC :

→ il faut mettre en place un accord avec le CSE (le cas échéant) définissant :

  • le nombre maximum de départs envisagés, les suppressions d’emploi
    associées et la durée du dispositif ;
  • les conditions pour en bénéficier, les modalités d’étude des candidatures
    et les critères de départage entre salariés volontaires ;
  • les mesures permettant le reclassement externe et les modalités de calcul
    des indemnités de rupture.

→ Rédiger l’accord et le faire valider par la DDETSPP puis le transmettre au CSE

→ Réaliser un appel à candidatures et aboutir à un accord entre chaque salarié et l’entreprise (c’est indispensable)

→ Réaliser en bonne et due forme chaque fin de contrat :

  • Certificat de travail
  • Attestation Pôle Emploi
  • Solde tout compte
  • Levée de la clause de non concurrence ou paiement de cette dernière le cas échéant
  • tout autre action nécessaire compte-tenu de la spécificité du contrat de travail ou des dispositifs de chaque entreprise (accord de participation, intéressement, etc…)

Si les objectifs de départ ne sont pas remplis, BackMarket annonce d’ores et déjà qu’ils auront recours à un PSE.

En espérant que cela puisse être utile

Anonymous avatar
Undefined

03/01/2023

1

Bonjour Francis et merci pour les infos. Ca me fait également penser à la gestion des BSPCE pour les salariés sortants -
https://blog.equify.eu/bspce-comment-gérer-le-départ-dun-salarié

A+

Vincent avatar

Vincent

Finance

09/05/2023

1

Merci @Francis_FSAConcept pour ce partage très riche!

En complément, j’aimerais apporter quelques conseils en matière de gestion de la masse salariale en période « tendue » (mais qui sont aussi utiles le reste du temps ).

Evidemment, si la masse salariale est vraiment trop élevée, les actions décrites (plan de départs volontaires, rupture conventionnelle collective, PSE) peuvent être indispensables.

Mais une période tendue (en raison de l’inflation) est aussi l’occasion de se pencher sur un pilotage rapprochée de la masse salariale et d’apprendre à simuler de manière fine les effets des augmentations de salaire sur le coût global de l’entreprise.

Pour ce faire, je vous livre 5 conseils que j’ai développés de manière approfondie dans l’article dont je vous joins le lien (💰📈 5 Conseils pour mieux piloter votre masse salariale) :

Evaluer votre taux de charges patronales de chaque salarié plutôt que sur une moyenne et anticiper l’évolution de ce coût pour chaque augmentation.

Anticipez les conséquences financières liées aux effets de seuils :

  • réduction des exonérations générales de cotisations
  • franchissement du seuil de 2,5 fois le SMIC
  • franchissement du seuil de 3,5 fois le SMIC

Vous n’y prêtez peut être pas attention, mais le « franchissement » de certains seuils de rémunération vous fait perdre le bénéfice de certaines exonérations ce qui alourdit fortement le coût de vos charges patronales.

Suivez de près vos accidents du travail et menez une politique « zéro AT »: ce sera un excellent investissement humain et financier pour l’entreprise

Diversifiez les dispositifs de rémunération : l’augmentation salariale n’est pas la seule option. Pensez à explorer la mise en oeuvre d’autres mécanismes comme la participation, l’intéressement, la prime de partage de la valeur, le forfait mobilité durable, une meilleure couverture santé…). De plus, de tels dispositifs ne sont pas assujettis à cotisations patronales (outre un éventuel forfait social).

Raisonnez en gain de pouvoir d’achat pour vos salariés. La hausse du salaire brut entraîne, pour les salariés, une hausse de la pression fiscale et une baisse du pourcentage de salaire net qu’ils récupèrent. En mettant en place des dispositifs alternatifs, vous leur permettez aussi d’augmenter leur “net en poche”.

J’espère que ces quelques compléments vous seront utiles!

Au plaisir d’échanger avec vous sur le sujet!

Vincent

04/10/2023

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@Vincent @Francis_FSAConcept d’une façon générale, vous constatez une typologie d’entreprise (au niveau gouvernance) qui s’en sort un peu mieux que les autres ?

Vincent avatar

Vincent

Finance

10/10/2023

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Bonsoir @Youny , difficile à dire. Quel que soit le mode de gouvernance, je pense que les entreprises qui s’en sortent le mieux sont celles qui ont une approche globale du sujet :

  • est-ce que l’inflation peut être répercutée sur le prix de vente des services / des produits vendus pour couvrir des augmentations de salaires importantes ?
  • est-ce que nos charges de fonctionnement (hors masse salariale) sont également impactées de manière conséquente ?

Bref, il faut un dialogue de qualité entre les équipes commerciales, financières et RH pour permettre de bien comprendre l’impact de l’inflation sur chaque département et tâcher d’agir de concert pour bien appréhender les marges d’actions possibles. Je dirais donc qu’il faut une gouvernance associant l’ensemble de ces parties prenantes dans la prise de décision.

Alexandre_VALENSCAK avatar

Alexandre_VALENSCAK

Founder & ceo

27/10/2023

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Bonjour @Francis_FSAConcept,

Merci pour votre sujet et votre analyse.

J’aimerai également ajouter le placement de trésorerie. Les taux étant élevés, les entreprises ayant les moyens de le faire doivent placer leur excédent de trésorerie. C’est aussi un excellent moyen de se prémunir contre l’inflation.
Un bon article pour en savoir plus : Les secrets d’une trésorerie bien gérée - L'académie by Platon