Bonjour,
Nous poursuivons les portraits de la communauté, destinés à VOUS mettre en avant. Pour ce nouveau portrait, nous interrogeons @Mehdi Saoud, Directeur Administrateur et Financier de LiveMentor et et co-fondateur d'ekomind DAF.
Présentation et métier de DAF
Pourriez-vous partager votre parcours et ce qui vous attire dans vos métiers ?
J’ai découvert les métiers de la Finance par hasard car je voulais être médecin. Mais ayant la phobie du sang, mon père m’a toujours dit que je serais médecin des entreprises. En 2006, lors d’un job saisonnier en tant que cueilleur de mirabelles (meilleur fruit soit dit en passant), j’ai découvert la vie de bureau et les fonctions supports de cette petite PME Lorraine. J’y ai rencontré le responsable comptable qui m’a fait découvrir les bases de la comptabilité et de la gestion financière. Depuis, je n’ai jamais décroché.
Je me suis ensuite beaucoup “cherché” en travaillant 7 ans chez KPMG, en audit légal grands comptes, contrôle interne en IT et conseils en startups. J'ai réalisé que ma place était de l’autre côté de la barrière, en entreprise et non en cabinet. Dans un environnement à taille humaine et dynamique, comme en startups et non en PME, au cœur de l’opérationnel. Médecin des entreprises ? Pas totalement, mais au cœur des urgences.
Ensuite, j'ai rejoint OuiCar en tant que RAF, pour la mise en place d’un département Finance et le développement à l’international. Après son rachat par la SNCF, j’ai eu la chance en 2019 de croiser la route d’Anaïs Pretot et d’Alexandre Dana, cofondateurs de LiveMentor, une école pour entrepreneurs.
Exercer mon métier de DAF dans un environnement qui prône l’entrepreneuriat et la formation, mes deux autres passions professionnelles. LiveMentor est l'école pour entreprendre, numéro 1 en France et a accompagné plus de 25 000 projets entrepreneuriaux, avec “seulement” 100 collaborateurs. Cerise sur le gâteau, j’ai cofondé en parallèle avec mon associée Bénédicte Ciotti, ekomind DAF, une agence de DAF part time multi-casquettes, qui accompagne les entrepreneurs et les startups dans la gestion financière pour leur apporter de la visibilité. Médecin des entreprises ? On s’y rapproche doucement.
Terminé le stéréotype du DAF caché derrière son Excel, aujourd’hui il doit être multi-casquettes, au cœur de l’opérationnel et un bon communiquant… Pour être un bon Business Partner.
Quelles sont vos missions quotidiennes et les qualités indispensables pour exercer vos métiers ?
- Business Partner : pour garder en tête que tous les chiffres racontent une histoire qu’elle soit passée, actuelle ou future. Faire des reportings pour remplir des Excel ne sert à rien. Il faut avoir le recul nécessaire pour prendre de la hauteur et conseiller les autres départements.
- Multi-casquettes : évoluant dans un environnement startup, il faut bien avoir en tête que le A de DAF prend une place considérable, allant du RH au Légal et à l’Admin. Il faut savoir être “end-zone”, faire de l’opérationnel pur et dur et du très macro comme des réflexions stratégiques à 5 ans par exemple.
Aucune semaine ne se ressemble et c’est appréciable ! En tant que DAF nous sommes au cœur du réacteur et tout va vite, parfois trop vite, il faut donc être agile. Après la Finance reste de la Finance, et on ne peut lui enlever des éléments cycliques comme les clôtures mensuelles, les revues trimestrielles et les phases de (re)financement qui sont plus “routiniers” mais qui font du bien pour notre zone de confort.
Qu'est ce qui vous attire dans ces métiers ?
Allier technicité, business, communication, pédagogie et management. C’est une chance quand certains métiers sont silotés et réduits à de la technicité ou à de la gestion de projet. Notre périmètre est encadré par des normes comptables, fiscales et légales ainsi que par des principes financiers, où l'on doit apporter une vision Business et être le VRP de la finance de l'entreprise.
Quels sont les éléments à privilégier dans la réalisation de vos projets ?
Nous avons le droit de ne pas savoir mais nous n’avons pas le droit de ne pas apporter de réponse. Nos projets sont multiples, notre périmètre d’intervention très large et beaucoup de départements dépendent de notre expertise en tant que fonction support. Il faut se documenter car ce sont notre responsabilité et réputation en jeu. Qui dit expertise dit justesse technique.
Nous avons le droit de ne pas savoir mais nous n’avons pas le droit de ne pas apporter de réponse.
Expertise finance : DAF multi-casquettes
Quels challenges devez-vous relever au quotidien ? Comment ont-ils impacté vos missions ?
Les enjeux financiers sont importants en startups (financement, prévision de trésorerie, atteinte de la rentabilité, relation avec les investisseurs…) mais aussi dans le secteur de la formation professionnelle. Au-delà d’un contexte réglementaire très mouvant pouvant remettre en question l’intégralité d’un business model, il faut rajouter les problématiques de BFR et de facturation avec les entités publiques. La Caisse des Dépôts, France Travail et les OPCO, pour ne pas les citer, sont certes de bons payeurs mais avec des délais significatifs venant donc gonfler structurellement le BFR.
Le financement est notre priorité financière et nous le pilotons au quotidien.
Le financement est notre priorité financière et nous le pilotons au quotidien. Couplé avec des problématiques d’investissements et de rentabilité que peuvent rencontrer une startup de notre taille, la citation “cash is king” n’a jamais été aussi juste.
Quelles évolutions futures observez-vous dans votre métier ou secteur ?
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L’ubérisation de la profession : il y a quelques années le métier de DAF part time n’existait presque pas, on parlait de DAF de transition. Aujourd’hui, les mentalités et les fonctionnements ont totalement changé avec l’arrivée de cabinets dédiés au métier de DAF à temps partagé. Désormais les startups font rapidement le choix d’avoir recours à un DAF part time, au détriment d’un recrutement plus classique en CDI.
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L'IA dans la Fintech : pas une semaine sans que je ne découvre un nouvel outil, c’est une bonne chose car le secteur est en profonde mutation. En revanche, il ne faut pas être réfractaire à cette évolution.
Quels conseils et bonnes pratiques souhaitez vous partager avec vos pairs ?
Terminé les N+1 et N+12 en devenant DAF, c’est un métier, sur le papier, de solitaire. Mais du coup, terminés les backups pour une analyse ou une décision : nous sommes en première ligne.
Il est important de bien s’entourer, et dans un premier temps de considérer nos prestataires (Expert comptable, Avocats, CAC…) comme des collègues avec qui nous allons pouvoir monter en compétences et continuer d’apprendre.
Il n’y a aucune honte à recruter des profils bien plus spécialisés que toi : considère toi comme un généraliste et comme le chef d’orchestre.
Si le budget le permet (ça tombe bien, en général le DAF a justement la main sur le budget) entoure toi rapidement d’une équipe et recrute des spécialistes, il n’y a aucune honte à recruter des profils bien plus spécialisés que toi : considère toi comme un généraliste ou chef d’orchestre.
Et enfin, continue de t’entourer par des réseaux et communautés. Les DAF d’aujourd’hui ont compris qu’il était primordial de prendre la parole et d’apprendre au contact des autres DAF pour bien évoluer. Il existe d’excellentes communautés et je ne pourrais que trop bien citer et recommander Finpal, très présente et au potentiel de développement impressionnant.
Comment attirez les générations futures à choisir la voie de la finance ?
La finance a trop longtemps été stigmatisée par l’audit et les cabinets de conseil. Ce sont des expériences formatrices mais pas une fin en soi. Il existe des métiers passionnants, RAF, DAF ou en substitution de ces expériences, FP&A, Contrôleur de gestion, Responsable comptable…
Il est fini le temps ou pour être un bon financier il fallait être bon sur Excel. Aujourd’hui tout le monde peut être bon sur Excel. Il faut être travailleur (ancienne école mais principale qualité selon moi), avoir une véritable culture business (qui vient au fur et à mesure des expériences) et un bon communicant.
Il est fini le temps ou pour être un bon financier il fallait être bon sur Excel. Aujourd’hui tout le monde peut être bon sur Excel.
Comment restez informés sur vos activités ? Un dernier message pour Finpal ?
Il n'existe pas (encore) de formation aujourd’hui pour devenir DAF et on ne l’apprend pas sur les bancs de l’école. Seuls le réseau, le travail, la curiosité et les expériences peuvent nous permettre d’apprendre ce métier.
La (longue) liste de financiers qui prennent la parole mais que je peux citer et féliciter 🙏 :
- Les Geeks des Chiffres : Nicolas Piatkowski & Soumaya Dziri sont les boss de la vulgarisation compta. Bien plus qu'une newsletter, un univers (cc Podcast Les Geeks des Chiffres) !
- L'Académie du M&A. Une claque technique, prépare toi à relire plusieurs fois et à imprimer les synthèses. Bravo, vraiment, Eliad Samoun !
- Jonathan Plateau. Le boss du Contrôle de gestion (et de l'univers Financier qui en découle) sur Linkedin mais pas que… Une newsletter et un podcast... Un délice !
- Romain Maltrud, "OKR, Bifton & Liberté". Une plume, une prose, du verbe, de l'humour, du storytelling et le tout en parlant Finance (& OKRs) 🤯 Une récente (très belle) découverte !
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Snowball.xyz. Mon niveau de compréhension sur les finances perso, les sides business et les cryptos a explosé depuis que je lis Yoann Lopez. Bien plus qu'une newsletter, un projet entrepreneurial passionnant à suivre !
J’ai trop longtemps sous-estimé l’importance du réseau et pourtant je suis un homme de contact. Aujourd’hui, je prends plus la parole et je cherche à m’entourer d'un réseau qualitatif.
Non pas avec une intention derrière la tête ou avec le souci de “qui va apporter le plus à l’autre” mais pour faire de belles rencontres, humaines, professionnelles, et monter en compétences par le partage d’expériences.
Merci à Mehdi de s'être prêté au jeu du portrait.
Vous aussi vous souhaitez être mis(e) en avant dans la communauté ? Envoyez un message privé à @Alice_Paul ou @Quentin pour organiser une interview.
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